Much More Emilie Jouvet

La photographe et réalisatrice Émilie Jouvet publie The Book, un ouvrage retraçant son travail depuis dix ans.

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Voilà dix ans qu’Émilie Jouvet réalise et expose des photos dans le monde entier : Bruxelles, Paris, Arles, Copenhague, San Francisco ou encore Tokyo. L’heure était donc venue de réunir son travail photographique en un seul livre. Mais comment choisir 200 photos parmi plus de 6 000 clichés ? «Cela m’a demandé un long travail de présélection. Quand je suis arrivée à 400 photos, je les ai toutes mises sur un mur et j’ai choisi les plus marquantes, celles qui accrochaient encore le regard, même des années plus tard». Et c’est bien de regard dont il s’agit, d’un regard sur le monde et sur ses normes, sur celles et ceux qui veulent les contourner. Émilie Jouvet joue les ambassadrices du queer depuis ses débuts de réalisatrice : son premier long-métrage, One Night Stand, explorait les sexualités lesbiennes et queer, les corps lesbiens et transgenres. Avec ce film, elle bouleversait les codes du porno et proposait une lecture sex-positive du féminisme, pour que les femmes ne restent pas bannies de leur propre sexualité, qu’elles se la réapproprient et en créent leurs propres représentations. En ce sens, The Book est bien, une fois de plus, une œuvre profondément politique.

Le queer à fleur de peau

La politique, pourtant, n’empêche pas les sentiments. Car parmi les modèles avec lesquels Émilie Jouvet travaille, les trois quarts sont des proches, des ami(e)s ou des amantes. Et c’est là que la sensibilité de la photographe entre en jeu : le rapport de domination est absent de ses photos et les codes de l’hétéro-sexisme explosent en plein clic. On ressent ainsi une réelle complicité entre la photographe et ses modèles (parmi lesquels figurent quelques garçons). Dès lors, même si «un livre est un ensemble, avec un sens et un ordre», The Book devient journal intime, explorateur de celles et ceux qui souhaitent sortir du processus de normalisation et vivre pleinement le mouvement queer. En interrogeant l’intime et en revisitant les archétypes de sa représentation, Émilie Jouvet montre les corps comme des outils de résistance et des champs de tous les possibles. Espérons que la France continue à accueillir son travail comme il se doit : depuis l’année dernière, Émilie Jouvet, comme beaucoup, constate que «l’homophobie et le sexisme ont été dévoilés au grand jour». Vivant entre Paris, Bruxelles et Berlin, la réalisatrice avoue sans complexe ne pas du tout retrouver «cet esprit-là, très fermé, dans les pays d’Europe du Nord». Quand elle sort de France, «c’est vraiment un bol d’air».

The Book d’Émilie Jouvet (éditions Womart) / www.emiliejouvet.com

http://www.heteroclite.org/2014/05/emilie-jouvet-invitee-disconnexion-lyon

Miroir / Miroirs, nouvelle revue

Jérémy Patinier, directeur de la publication de la maison d’édition Des ailes sur un tracteur, a eu la riche idée de créer Miroir / Miroirs, une «revue d’analyse et de réflexion autour des genres, des sexualités, des familles et des sociétés» vendue en ligne.

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Sociologues, sémiologues, psychanalystes ou journalistes, les contributeurs de Miroir / Miroirs font tous le pari d’écrire intelligemment sur les thèmes qui secouent la société d’aujourd’hui. Le premier numéro se penchait sur le phénomène Grindr, la drague et la solitude chez les LGBT, pour en proposer des analyses fines et compréhensibles par tous. Le deuxième joue avec le thème du moment, le gender, pour en proposer un état des lieux mais aussi s’interroger sur la fluctuation des identités et des corps. Tout cela sans oublier personne : les drag-queens mais aussi (enfin !) les drag-kings, les trans, les a-genre et les personnes queer en général. Cerise sur le gâteau, Miroir / Miroirs publie à la fin de chaque numéro les archives du cultissime Gai Pied, magazine gay français imaginé par Michel Foucault et fondé par Jean Le Bitoux, que les plus jeunes ne connaissent probablement pas. Toute la force de la revue est là : mêler réflexion et souvenir dans une même démarche militante.

Retrouvez l’article sur le site d‘Hétéroclite.

Retour sur le festival Ecrans Mixtes

Du 5 au 11 mars dernier se tenait Ecrans Mixtes, festival de cinéma queer à Lyon. Et pour sa quatrième édition, la direction artistique avait prévu du lourd et du beau !

Une soirée d’ouverture avec le film I am Divine, une soirée spéciale Kenneth Anger, une off spéciale John Waters et des invités en or : Anna Margarita Albelo, Louis Dupont, Anne Delabre, Didier Roth-Bettoni… et en clôture du festival Marie-Pierre Pruvot, dite Bambi !

Retrouvez toutes les photos de cette semaine incroyable sur le site du festival…

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Bambi et moi